Google AIO : la genèse
Google AIO : Quand le roi du web vacille
2023. Une année où Google a retenu son souffle. Une première dans son histoire.
ChatGPT surgit fin 2022 et bouscule tout. En quelques semaines, il devient le nouveau réflexe de millions d’utilisateurs. Pourquoi ? Parce que pour la première fois, on ne navigue plus entre dix résultats. On pose une question, et on obtient une réponse directe, claire, fluide.

Plus besoin de filtrer entre publicités, blogs approximatifs ou forums enterrés. L’information se présente comme une conversation. Sans effort. Sans détour.
Google, jusque-là incontesté sur le terrain de la recherche, voit son modèle menacé. Frontalement.
Code rouge chez Google
Début 2023, Sundar Pichai, CEO de Google, déclenche une alerte interne : code red. Ce n’est pas simplement une nouveauté à surveiller. C’est une rupture de paradigme.
En interne, c’est la panique. ChatGPT ne propose pas une meilleure version de Google. Il propose autre chose. Une nouvelle interface avec le savoir.
Face à cette urgence, Larry Page et Sergey Brin, les fondateurs de Google, sont rappelés à la table. Leur retour, discret mais stratégique, marque l’importance du moment.
Bard, une premiere réponse précipitée
La réponse de Google ne se fait pas attendre. Bard est annoncé en février 2023. Un chatbot conversationnel basé sur LaMDA, censé rivaliser avec ChatGPT.
Mais Bard n’est pas prêt. Dès sa première présentation, une erreur dans une réponse crée un tollé. L’action de Google chute. Le lancement est perçu comme précipité, brouillon, défensif.
Le public ne suit pas. Bard ne convainc pas. Google va finir par admettre qu’ils se sont pressé dans le lancement de Bard et que c’était un échec.
Microsoft passe a l’offensive avec Open AI
Les ennuis de Google ne s’arrêtent pas là.
OpenAI, de son côté, scelle un partenariat stratégique avec Microsoft. Un contrat de dix ans. Objectif ? Intégrer l’IA dans tout l’écosystème Microsoft, y compris dans Bing, le moteur de recherche longtemps marginalisé.
En quelques mois, Bing devient un laboratoire pour l’IA générative. Microsoft injecte les capacités de ChatGPT dans ses outils de recherche, mais aussi dans Office, Teams, Outlook.
Le partenariat est un succès. L’utilisation de Bing explose a travers le monde. Une premiere aussi…
Pour Google, c’est un double signal d’alarme. L’ère du lien bleu est sérieusement bousculée. Et cette fois, le concurrent n’est pas une startup. C’est Microsoft.
Google contre attaque avec Gemini

En décembre 2023, Google lance Gemini, une nouvelle génération de modèle d’IA. Plus avancé, plus intégré, plus polyvalent.
Gemini remplace Bard. L’accueil est plus favorable. Surtout, Google l’intègre à grande échelle : Gmail, Docs, Sheets, Slides… L’IA devient un outil natif dans l’écosystème Google Workspace.
C’est le début d’une offensive plus stratégique. Google ne veut plus rattraper. Elle veut reprendre le contrôle.
Google SGE : Search Generative Experience
Avant Google AIO, il y a eu un brouillon. Un test. Un laboratoire grandeur nature. Son nom ? Search Generative Experience, ou SGE.
Annoncée en mai 2023, SGE marque la première vraie tentative de Google pour réinventer sa SERP (page de résultats) à l’ère de l’IA.
Plutôt que de proposer dix liens à explorer, SGE mise sur l’intelligence artificielle pour générer des réponses complètes et synthétiques directement dans la SERP. Résumés, points clés, visuels, listes interactives : l’expérience utilisateur est repensée pour être plus fluide et plus directe.
Réduire le nombre de clics nécessaires pour obtenir une information.
Éviter les allers-retours entre les sites.
Proposer une réponse unique, claire, immédiate, dès le haut de la page.

Voici l’exemple qu’ils ont présenté lors de la demo.
Un utilisateur cherche le meilleur parc pour enfants.
Avec SGE, il voit instantanément une synthèse des options, avec des critères utiles : sécurité, activités, avis, météo… Plus besoin d’ouvrir 5 articles ou de comparer manuellement.
La SGE ne se contente plus de diriger vers le web. Elle synthétise le web. Et c’est la ou commencent les soucis pour les créateurs de contenu.
L’expérience Google SGE
SGE n’a jamais été généralisée à tous les utilisateurs. Elle restait en test, accessible uniquement via Google Labs et dans certains pays. Notamment les États Unis.
Pourquoi ? Parce que la promesse était forte, mais la technologie pas encore totalement stable.
Les utilisateurs ayant accès ont eu comme conseil de manger des pierres pour rester en bonne santé.
Les hallucinations, les erreurs factuelles, la difficulté à sourcer de manière transparente ont fait que la technologie reste dans le tiroir.Mais la Search Generative Experience de Google a bel et bien préparer le terrain. Les créateurs de contenu, les SEO, les webmasters, savaient tous a quoi s’attendre.
Comme à l’accoutumée, les SEOs se sont rués pour mesurer les conséquences réelles de cette initiative, scrutant son impact sur leur activité, et constatant empiriquement les effets sur leur source de revenus.
Ce qu’ils sont constater n’était guère rassurant. Même s’ils s’agissait uniquement d’une ‘experimentation’…
Impact de Google SGE sur la visibilité
Parmi les conséquences du déploiement, on note la diminution de plus de 1200 pixels en moyenne des résultats organiques. Ce qui réduit considérablement la visibilité.
De plus, 62 % des liens mis en avant dans la boite SGE proviennent de domaines situés en dehors des 10 premiers résultats organiques.
On peut argumenter ici que Google donne plus de chance aux petits sites moins autoritaire. Mais le classement est censée être méritocratique non ?
SGE et les backlinks : une relation amour-haine
Si la Search Generative Experience (SGE) a ouvert la voie à une recherche plus fluide, elle a aussi soulevé des inquiétudes — notamment du côté des créateurs de contenu. Les backlinks.
Petit rappel : qu’est-ce qu’un backlink ?
Un backlink est un lien entrant : un site A mentionne un site B en insérant un lien vers lui. Pour Google, c’est un vote de confiance.
Plus une page possède de backlinks, plus elle est perçue comme crédible, pertinente, digne d’être bien classée. C’est le principe fondateur du fameux PageRank, l’algorithme historique de Google.
SGE et l’attribution des sources
Dès les premières versions de SGE, plusieurs experts ont remarqué un phénomène inquiétant : Google ne mettait pas toujours des liens vers les sources qu’elle a utilisée.
Autrement dit, le contenu d’un site pouvait être repris, la marque pouvait être mentionnée, mais aucun lien direct ne permettait à l’utilisateur d’aller consulter la source originale.
Lily Ray, experte SEO, l’a très vite repéré.
Elle tape une requête simple : meilleures chaussures de sport.
La SGE affiche des modèles de chez Nike… mais aucune mention de la marque.
Pas un lien. Pas une citation. Rien.
Et pourtant, Nike, ce n’est pas n’importe qui.
Si même elle peut être ignorée, imaginez le sort des petits sites, des marques indépendantes, des créateurs de contenu.
Ils ne font tout simplement plus le poids.




SGE et absence de backlink : une stratégie assumée par Google
Ce qui pouvait passer pour une erreur de jeunesse s’est révélé être un choix stratégique.
On verra par la suite que Google AIO reprend cette logique : priorité à la réponse, pas au lien…
Nul besoin de dire que les créateurs de contenu n’étaient pas très contents de cette première proposition de la part de Google…